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GEORGES BOUTELLEAU.

PAlX DU SOIR

Ô paix du soir, paix douce et paix consolatrice,
Qui mets un baiser frais sur toute cicatrice,
Ô paix du ciel, qui sur les fatigués descends,
Je te bénis pour tes souffles assoupissants ;
Pour ton voile étoile qui couvre nos désastres ;
Le silence, où j’entends veiller les lointains astres ;
Pour l’auguste repos du cœur las qui s’endort ;
Pour tout ce que tu fais de semblable à la mort.

(Les Cimes)

LE SOLEIL

Le soleil, en naissant, rougit l’orient bleu ;
Comme une immense rose au calice de feu,
Il s’ouvre, éblouissant, sur un azur de soie ;
Aucun voile des nuits obscures ne le noie,
Il s’est épanoui, dans le jardin des airs,
Triomphant, et lançant partout ses rayons clairs.
Il irise les mers, les sables et la neige,
Il allume l’Égypte et dore la Norwège,
Les pics chauves, les bois, les blés, les rocs, les creux
Des précipices verts dans les pays ombreux.
En laves de cratère, il ruisselle et s’épanche,
Et saignant des clartés rouges sur l’avalanche,