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EDMOND LEPELLETIER


1846




Edmond Lepelletier est né à Paris le 26 juin 1846.

Journaliste brillant, d’une remarquable faculté d’improvisation, capable d’écrire beaucoup parce qu’il sait beaucoup, M. Lepelletier, dans les sujets les plus vulgaires, sème de temps à autre, presque malgré lui, les mots colorés et les images poétiques. Le Parnasse perce dans tout ce qu’il écrit et constitue l’essence même de sa personne littéraire.

Dès la première jeunesse, la Muse eut toute la pensée de M. Lepelletier. En 1866, au premier coup de clairon, au premier appel, il s’était trouvé debout autour de MM. Leconte de Lisle et Théodore de Banville, et il avait publié dans le Parnasse contemporain, livre de combat, les beaux vers aux rimes retentissantes qui ont pour titre : L’Attelage ; Léthé. Deux ans après, il donnait au Nain jaune des vers qui furent très remarqués.

Dans un volume, Soleils noirs et Soleils roses, qui sera prochainement édité par Alphonse Lemerre, on ne retrouvera peut-être pas chez le poète l’impassibilité d’autrefois. Comment la mélancolie du milieu de la vie ne l’aurait-elle pas touché ? Ses vers en sont souvent tout pénétrés et attendris. Mais ce qu’il a religieusement gardé de sa première ferveur, c’est le souci de la perfection, du mot vif et juste, de la rime neuve et riche, c’est-à-dire l’horreur de toute banalité. En cela il est Parnassien jusqu’au fanatisme, et il ne permettrait pas facilement à quelqu’un d’adorer dans une autre chapelle que la sienne.

E. Ledrain.


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