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FRÉDÉRIC BATAILLE.


Il a pris pour pendants d’oreilles
Les clochetons blancs du muguet ;
Ses pendeloques nonpareilles
Sont des troènes en bouquet.

Avec sa couronne de roses,
Il va dans les buissons charmants
Surprendre les divines choses
Que se répètent les amants.

Ainsi qu’un sceptre de jeunesse,
Il tient un rameau d’aubépin,
Et semble cacher la tristesse
Des calices sans lendemain.

Sous sa tunique de charmille,
Ainsi qu’une étoile d’argent,
La stellaire chaste scintille
Dans la paix douce du couchant.

Quand il rôde, contant fleurettes
Aux jouvencelles des chemins,
Une chaîne de pâquerettes
Pend à chacune de ses mains.

La brise tiède lui secoue
Au nez des grappes de lilas,
Et, douce, autour des flancs lui noue
Le chèvrefeuille en falbalas.

Il a commandé pour ses fêtes
L’orchestre inspiré des grands bois;
Pattis des buissons, les fauvettes
Ont salué ses jeux sournois.