La peur ne chasse plus, sous le ciel refroidi,
habitants émus des forêts primitives ;
Tremblements souterrains, secousses convulsives,
Tout apaise. Le temps marche. L’homme a grandi.
Ô vieux volcan ! les flots dont ta gorge était pleine
Se sont taris un jour pour ces nouveaux venus,
Et tes bois ont ouvert des abris inconnus
À ces premiers chasseurs qui montaient de la plaine.
La hache a pu choisir, sur ton sol crevassé.
Les bûches des foyers et les planches des huttes ;
Dès leurs grossiers travaux et leurs antiques luttes,
tes pieds bienveillants les races ont passé.
Sur ta pente aujourd’hui les grands troupeaux font halte ;
Les familiers printemps viennent te rajeunir,
Et, pour faire leur place aux villes à venir,
Ta lave a recouvert les couches de basalte.
Géant ! ton œuvre est faite et ton sort est rempli.
Ton cratère muet s’endort, et l’herbe y pousse,
Et l’étranger pensif, qui marche sur ta mousse,
Y cherche le repos, le silence et l’oubli.
mon vieux maître Érasme, incomparable ami,
Je me plais aux leçons que ton bon sens distille,
Où ton esprit, armé de sa verve subtile,
Se livre tour à tour et se cache à demi.