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Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t4, 1888.djvu/254

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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


La peur ne chasse plus, sous le ciel refroidi,
habitants émus des forêts primitives ;
Tremblements souterrains, secousses convulsives,
Tout apaise. Le temps marche. L’homme a grandi.

Ô vieux volcan ! les flots dont ta gorge était pleine
Se sont taris un jour pour ces nouveaux venus,
Et tes bois ont ouvert des abris inconnus
À ces premiers chasseurs qui montaient de la plaine.

La hache a pu choisir, sur ton sol crevassé.
Les bûches des foyers et les planches des huttes ;
Dès leurs grossiers travaux et leurs antiques luttes,
tes pieds bienveillants les races ont passé.

Sur ta pente aujourd’hui les grands troupeaux font halte ;
Les familiers printemps viennent te rajeunir,
Et, pour faire leur place aux villes à venir,
Ta lave a recouvert les couches de basalte.

Géant ! ton œuvre est faite et ton sort est rempli.
Ton cratère muet s’endort, et l’herbe y pousse,
Et l’étranger pensif, qui marche sur ta mousse,
Y cherche le repos, le silence et l’oubli.





À ÉRASME




Ô mon vieux maître Érasme, incomparable ami,
Je me plais aux leçons que ton bon sens distille,
Où ton esprit, armé de sa verve subtile,
Se livre tour à tour et se cache à demi.