u m’appelles ta vie, appelle-moi ton âme ;
Car l’âme est immortelle, et la vie est un jour. »
Pourquoi devant ce ciel que le couchant enflamme
Me suis-je souvenu de ces deux vers d’amour ?
Si celle dont je rêve était ma fiancée,
Comme je lui dirais ces vers que j’aime tant,
Comme elle en comprendrait la sublime pensée,
La langueur pénétrante et le charme attristant !
« Tu m’appelles ta vie, appelle-moi ton âme. »
— Ton âme ! mot si vague, et cependant si doux,
Si pur, lorsqu’il est dit par des lèvres de femme
À l’amant qui se meurt de tendresse, à genoux !
S’il existait un mot plus pur, plus doux, plus tendre,
C’est celui-là qu’à l’heure où le soleil s’endort,
Des lèvres que je sais mon cœur voudrait entendre,
Lorsque tout l’horizon se vêt d’opale et d’or.
« Appelle-moi ton âme... » Il est suave et triste,
Ce cri d’amour : « Ton âme... » Et sais-je seulement
Si l’âme est immortelle et si cette âme existe ?...
Pourtant je ne dirai jamais que ce cri ment.
Oui ! quand je serais sûr que le mot d’outre-tombe
N’est rien que le néant et l’oubli d’ici-bas,
Toujours je te dirais, lorsque le soleil tombe :
« Appelle-moi ton âme, » et ne mentirais pas.