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PAUL MARIÉTON.


Elles ont la douceur puissante
Des êtres qui ne changent pas,
Et savent conseiller, tout bas,
Le poète amoureux qui chante ;

Et toute la sérénité
Que répand leur chaste lumière,
Laisse à jamais sous sa paupière
Un rayon d’immortalité !


(La Viole d’Amour)





PRIMAVERA





Sur le versant de la montagne
Le glacier bleuit au soleil,
Rêvant d’envahir la campagne
Au sortir de son long sommeil.

Comme une vierge adolescente,
Il hésite, dans sa candeur,
Mais la jeunesse suit sa pente,
Et le torrent sa pesanteur ;

Et le noir sapin des ravines,
La prairie où sont les oiseaux,
Ont tressailli dans leurs racines
Au premier baiser de ses eaux ;

Et j’entends déjà dans la plaine
Où son cours s’est précipité,
Comme en une rumeur lointaine,
Son premier cri de liberté...


(La Viole d’Amour)