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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Les petits content au grand-père,
Qui béatement leur sourit,
Comment Le prince Aimé surprit
Le géant Troll en son repaire.

Ils guettent sur le liseron
La sauterelle aux vertes ailes,
Et font la chasse aux demoiselles
Comme à vingt ans ils la feront.

Ils babillent à perdre haleine ;
Ils courent, blonds échevelés,
Dans les seigles et dans les blés,
— Si nains qu’on les y voit à peine.

Et puis, pensant au vieil ami,
Ils reviennent, tout gais, tout roses,
Sournoisement verser des roses
Sur l’aïeul qui s’est endormi.


(Devant l’Énigme)





L’AIR DU CIEL





L’air pur du mois d’avril est un doux vêtement
Qui sur nos membres las s’enroule et se promène ;
Léger comme la soie et chaud comme la laine,
Enveloppe céleste où l’on rêve en dormant,
L’air pur du mois d’avril est un doux vêtement.

L’air sur nos membres las s’enroule et se promène ;
Et puis il nous imprègne et circule dans nous ;
Il fait tes yeux plus clairs et tes désirs plus fous ;
— Mais tandis qu’il devient ta vie et ton haleine,
L’air sur mes membres las s’enroule et se promène.