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MARCEL COLLIÈRE.


Et c’est durant cette heure exquise et passagère,
Qu’en la brève langueur des choses apaisées,
Vous attendez venir la divine Étrangère
Qui doit renouveler vos cœurs et vos pensées.





PAYSAGE INTIME




Mon âme est un trou noir où jadis des étoiles
Jetaient l’or fugitif de leur rayonnement,
Mon âme était pareille à ces illustres toiles
Où le soleil transperce un sombre ciel flamand.

Comme à la fin d’un bal expirent les bougies
Pleurant leurs pleurs de cire aux approches du jour,
Sous l’envahissement des ombres élargies,
Les clartés de mon âme ont sombré tour à tour.

L’obscurité s’étale et la nuit se balance,
Et rien ne grouille plus au fond du trou béant,
Rien ne fait deviner qu’au travers du silence
Persiste et veille un regret vague du néant.