aurice Bouchor, né le 16 novembre 1855, a publié, à
l’âge de dix-neuf ans, ses premiers vers, Les Chansons
joyeuses (1874) ; il a donné ensuite Les Poèmes de
l’Amour et de la Mer ( 1876), le Faust moderne (1878), les Contes
Parisiens (1880), L’Aurore (1883), Les Symboles (1888) et Dieu
le veut, drame (1888). M. François Sauvy, dans la Revue libre, a
ainsi jugé le poète des Symboles : « Après s’être quelque temps complu
dans un matérialisme un peu superficiel dont les Chansons joyeuses
donnèrent la note, matérialisme bientôt relevé d’un fervent amour de la nature dont en trouvera l’empreinte dans les Poèmes de l’Amour et de la
Mer, l’auteur ne tarda pas à mesurer le vide et l’insuffisance de cette
doctrine avec laquelle bon nombre d’actes humains restaient sans explication.
M. Bouchor a traduit lui-même dans le Faust moderne l’espèce de
dépression morale et les réelles souffrances qu’entraînaient des théories pessimistes aussi peu faites pour lui…
« Tiraillé entre son panthéisme mystique et sa recherche d’un Dieu personnel, il s’efforce de concilier ces tendances de manière à satisfaire à la fois « son désir d’un entier repos de l’âme au sein de Dieu et le rêve d’une immortalité active consacrée au triomphe de la justice. » Au tumulte des idées, nous dit-il, s’ajouta le confit des sentiments, et de cette crise sortit L’Aurore.
Laissons-le maintenant exprimer lui-même les idées qui le guident aujourd’hui : « Je résolus d’exprimer mon adoration de l’Être inconnu en me servant des plus belles paroles qui, dans tous les temps, eussent jailli de l’âme humaine. J’admettrais les dogmes les plus différents pourvu que