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il est bon qu’un vieillard propage l’expérience des siècles. »

Vers la plaine, sous les nocturnes ciels clairs, il me montra les quadriges et les paraboles. Nous pénétrâmes ensemble aux allégories du zodiaque. Déjà la Balance inclinait vers le Scorpion. Tout le ciel se peupla. J’y suivais à travers les signes et les géométries un reflet des destinées humaines. D’ardents chevaux ruaient, échevelés et écumants. Des constellations croulaient comme des chars sur des pentes, précipités par de vertigineux cochers. Des porches, des arches, d’étincelantes colonnades oscillèrent par dessus des océans. Et d’effrayants compas mesuraient l’ouverture des triangles où s’engouffraient des chutes d’astres. Il y avait des cygnes qui voguaient, des moutons paissants et des chiens roux et des tigres vermeils. Comme dans un paysage de prodiges, des cimes s’argentaient de neiges, de cristallines fontaines ondoyaient les vallées, des jardins fleurissaient de givres et de diamants. Et les galaxies étaient comme la circonférence d’une mer de lait : elles pal-