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pitaient, chère Ève, comme la courbe gonflée de tes mamelles. Nous étions pareils à des bergers dans la veillée d’Épiphanie, ayant au-dessus de nous les tragiques et innocents météores. Des meutes flamboyaient, des palais s’effritaient en éclats d’étincelles, des roues et des meules broyaient l’éther.

Au bas de l’horizon, vers le nord, sous Aldebaran et les Pléiades, mugissait le Taureau tandis qu’à l’opposé s’avançait le Bouvier. Hercule, non loin du Dragon, avec l’écart immense de ses bras, faisait l’effort de reculer les bornes du monde. Et l’essieu d’or des Ourses tourbillonnait, terrible, ravinant les gouffres d’une rainure électrique. Nos regards ensuite se tournèrent vers le sud. Pégase, avec ses sabots de saphir, écorchait les routes bleues du zénith. Altaïr comme une proie pantelait aux serres de l’Aigle. Plus bas la queue de la Baleine plongeait, semblait balayer le fond d’une mer et élargir jusqu’au Capricorne et au Verseau les remous magnétiques de la nuit. Et je dis au vieillard : « Ne cesse pas de me révéler ces mondes qui pour