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Page:Lemonnier - Adam et Ève, 1899.pdf/324

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ADAM ET ÉVE

Qui ne sentit pas son cœur se fondre en les respirant fut allaité par une louve et non par un sein de femme ; et elles ont le goût du chaume, de la terre et de l’innocence. Elles odorent la sève et la chair, l’offrande du sacri­ fice d’amour. Pain ! Pain ! Pain ! Voici que le feu s’apaise et je pénètre sous la voûte noire. Je te porte comme une hostie dans mes deux mains réu­ nies. Tu es brûlant et doré à l’égal du soleil et de l’été. Tu es la première joie magnifique des fructifications ! Pain vermeil des races l Chair et sang d’un miracleI Roue ardente ! Emblème d’éternité ! Préside à l’heure so­ lennelle et ingénue. Toute l’humanité tres­ saille dans le geste pieux dont je me courbe pour te porter ; et les autres hommes, à l’infini avant moi, t’ayant retiré des flammes tres­ saillant à l’égal des fibres de la vie, s’en allè­ rent en procession vers les tables, les lèvres priantes. O Pain ! Pain qui mollis à la bou­ che comme le sein de la femme ! Pain tendre à la bouche comme la chair d’un petit enfant ! Pain qui vins à l’homme affamé et triste de


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