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ADAM ET ÉVE

l’avoir attendu ! Voici que je te tourne vers les cieux clairs, pain fait avec la poussière vermeille des ossements ! Et je rends grâce au soleil, père de la vie. Ensuite, je rompis la croûte d’or entre mes doigts. J’en donnai un morceau à Ève, à Héli, à l’âne et aux chiens ; j’en gardai un pour moi-même. Et eux et moi en ayant mangé, nous étions comme des créatures purifiées par la vertu des communions. La molle après-midi déclina ; la terre monta dans l’étendue. Sous les étoiles nous dan­ sions, revenus aux âges ingénus. Et ce soirlà, Ève me désira et vint avec moi sous les arbres. Comme il pleuvait de la lune dans ses cheveux, j’avais la main pleine de rayons. No­ tre amour sous nous exhalait l’odeur chaude du pain. Et les heures divines d’un pied léger coururent. L’aube sur notre sommeil effeuilla des roses. Je ne sais pourquoi, en m’éveillant, je pensai au berceau taillé dans le hêtre. Et je dis à Ève : « Je ne l’ai point fait assez grand, » songeant aux enfants pro­ chains. Et Ève en souriant baissa les yeux. •

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