Page:Lemonnier - Adam et Ève, 1899.pdf/341

La bibliothèque libre.
Cette page n’est pas destinée à être corrigée.

277

ADAM ET ÈVE

Or, un jour de la fin de l’hiver, je m’enfon­ çai dans la forêt. Avril verdissait la jeune pousse des feuilles et comme des gouttes de lait fleurissaient les primevères. Je revins alors à la maison, criant vers Ève comme l’an­ nonciateur des mois : «Le printemps, ô joie !à pas blancs là-bas marchait par les chemins ! » Le berger ainsi, après la fonte des neiges, s’en va vers la plaine et puis il ouvre les portes de l’étable et il mène le troupeau pâturer l’herbe nouvelle. Ce fut l’année d’abondance. Le pain nombreusement leva dans l’épi. Le poids des grappes courba les arbres. Et Maïa, ayant connu l’amour du taureau, engendra. Il y eut des brebis qui pâturèrent sous la garde du bélier. J’avais posé mes ruches au cœur de la bruyère. Cependant nous étions venus seuls et dénués dans le bois, et maintenant les grâces de la nature nous comblaient. Le lait de la vie ruissela des mamelles divines. Et la terre encore une fois nous avait payés en bienfaits pour la bonne journée accomplie dans la simplicité de la conscience. Toute 16


UooQle