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tres, nus et noirs, dans les métaux du couchant, avec leurs dures lances raidement brandies et incrustées, étaient aussi une émouvante chose solennelle comme des chevaliers s’en allant aux croisades avec leurs pennons écarlates, comme des forgerons remuant avec de noires tenailles, aux fournaises célestes, les pourpres tisons du soleil. Et il y avait, dans le bois blanc de neige, une mare où, de gel et d’ennui, était morte la lune. Nous sentions nous venir, à rôder près de cette mare, une petite âme sauvage de loup, comme dans les légendes. Et avec l’hiver, les fables sortaient de nous, comme les mythes aux âges terribles du monde. Nous étions des enfants ingénus devant les dieux farouches.