Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/108

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pour ne point irriter le village, elle lui rabobelinait ses haillons qui lui donnaient un air de misère décente. Mais il les déchirait tout de suite aux épines, aux herses et aux clous, crotté en outre des bouses de vache que lui jetaient les polissons, ou dont il se salissait dans les étables ; et un tel dégoût de son infirmité bientôt la posséda qu’elle ne toucha plus à ses loques et le laissa vaguer, dans le délabrement et la crasse.

Robuste et saine, elle s’était toujours montrée grièche pour les calamiteux, ne supportant que les bons bouleux puissants comme elle. C’est pourquoi Goffe, très grand, les bras noueux, lui avait agréé dès les premiers temps ; elle goûtait dans ses poings l’enivrement d’une force brutale, constamment prête ; et seulement elle l’eût voulu violent, d’un fond de nature moins égal.

À la longue, leur liaison s’afficha. Les dimanches ils partaient ensemble pour la messe ; des gens, venus pour Flavie, souvent le trouvaient au lit ; et la présence de l’idiot ne les gêna plus, tous deux s’accolant