Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/109

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sans vergogne devant lui. Même Grosse-Tiesse, rancunier, et qui ne savait pas oublier l’ancienne supériorité de Martin aux concours de pigeons, affectait un libertinage dégoûtant quand il était là, s’éjoyant à l’outrager dans cette chair conjugale criminellement patrouillée. Elle finit par s’amuser comme lui de la loi méprisée sous les yeux du mari ; cette bravade impie ajoutait une douceur d’offense à leur plaisir, qui s’en aiguillonna ; et avec des rires, complaisamment ils lui montraient leurs nudités, par mépris des hommes et de Dieu.

Lui, l’innocent, regardait remuer leurs hanches, insensible à l’injure, les yeux toutefois écarquillés et luxurieux. Dans cette ruine, la sève par accès bouillait encore ; et une après-midi, comme ils recommençaient, il se rua, grondant, sur de la chair qu’elle avait découverte. Cette frénésie leur causa une grande hilarité ; il s’agitait comme une bête, à la fin presque dangereux ; et ne pouvant l’écarter, ils le battirent, le piétinèrent, l’auraient massacré.