Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/149

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ses joues, elle invectivait la maison muette sous le soleil à pic. À la fin la Lalie qui se tournait le sang, ouvrit la porte, à bout de patience, toute hérissée, un seau plein d’eau dans les mains, qu’elle lui lâcha en travers des jupes, avec des vociférations. Il y eut un moment où leurs voix ne se distinguèrent plus l’une de l’autre ; toutes deux, nez à nez, les poings sur les hanches dans le milieu du sentier, s’invectivaient abominablement ; et soudain Joanne à pleine main rafla une bouse de vache qui s’en vint s’écraser sur la face de la Colasse. Les hommes, sur le pas des maisons, regardaient, bras croisés, sans prendre parti dans la querelle.

Puis, pour la quatrième fois, la barrière alla joncher le sol. Pour les Colasse, c’était comme une bête mauvaise, animée du souffle détesté des Pidoux, et qui, coupée au pied, régulièrement relevait les cornes avec une force de vie incompressible. Du côté des Pidoux, une obstination s’en mêlait ; ils eussent épuisé leur bien pour la maintenir debout, par orgueil, jactance, sentiment de