Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/157

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sents tous deux ; il y eut une réplique habile de la part du petit avocat des Colasse ; et l’audience finie, ils ne voulaient pas s’en aller, attendant toujours le jugement. Il ne fut rendu qu’à huit jours de là. Comme le greffier finissait la lecture, parmi le brouhaha de l’assistance, quelque chose éclata dans Michel ; avec un bruit mou ses bras battirent l’air, et tout d’une pièce, il s’affaissa, raide mort. Le tribunal donnait gain de cause aux Colasse.

Pidoux tombé, Pierre continuait à écouter, n’ayant rien compris. Et, à travers sa désolation, la grosse Joanne ne savait quoi regretter le plus, ou son procès perdu ou son homme tué d’un coup de sang.

Le soir seulement, une charrette amena le cadavre. Du haut de la butte, les Colasse guettaient depuis une heure, pleins de mépris à leur tour pour cet homme qui les avait méprisés et qui finissait misérablement, payant de sa vie leurs mutuelles animosités. Quand la Lalie avait appris la nouvelle, elle ne s’était pas étonnée : c’était