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Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/158

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bien fait, il y avait assez de temps qu’il leur cherchait misère ; et elle se promit de brûler une chandelle à la Vierge, à cause de son vœu exaucé. Tout à coup le véhicule entra dans le tournant du chemin ; une grande bâche le recouvrait, tirée jusqu’en bas des ridelles ; et un peu en arrière, marchait la Joanne, enflée par les larmes, son chapeau à la main. Le cheval stoppa au pied du sentier ; du monde était accouru ; à quatre hommes, la Pidoux les précédant et sanglotant de toutes ses forces, on transporta le mort déjà rigide, les yeux ouverts, comme pour s’emplir une dernière fois du remords du chemin perdu. Et une satisfaction basse de haine assouvie, gonfla le cœur des quatre Colasse, brusquement rentrés chez eux et qui, le rideau levé, regardaient s’avancer la procession, toute noire dans cette fin de journée d’hiver. Puis la solitude s’appesantit sur la maison de la veuve ; elle ne voulut garder auprès d’elle qu’une parente du défunt, une cousine qu’il avait failli épouser ; et par moments, de son lit, Lalie qui ne dor-