Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/166

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être ils seraient morts, elle la Joanne, de gras fondu, eux les Colasse de dèche et de famine, si elle ne leur avait donné la force des chênes.

La Lalie, desséchée à l’égale d’une souche, n’ayant plus que la peau et les os, la face et l’échine d’une louve, avait imaginé une forme hardie et simple de mépris. À la même heure, chaque matin, par la neige, le beau temps ou la pluie, un peu avant que la Pidoux s’en vînt leur jeter son mort à la tête, elle quittait son lit, se coulait en chemise dehors, sur le seuil abhorré répandait un vase empli de l’urine et des défécations de la nuit. Et pour ne pas demeurer en reste, Joanne, tout un jour gardait ses excréments qu’elle leur vidait aussi devant leur porte, mais le soir seulement, avant de se coucher. Une fois, comme elle arrivait, pieds nus de peur du bruit, Lalie brusquement se montra, son vase dans les mains, et toutes deux s’embrenèrent, couvertes d’ordure de haut en bas. Puis les jours suivants, chacune recommença, en s’évitant ; et quelquefois