Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/18

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elles avaient des hommes, celles-là, qui tout l’an demeuraient dans la maison ; au contraire, le sien gagnait durement son pain en creusant des puits ; de pleines journées, il restait sous la terre, bâtissant ses cuvelages, descendant toujours plus avant, emplissant des seaux qui ensuite remontaient, balancés dans le vide au-dessus de lui ; les épaules mortifiées par les eaux du sous-sol, ayant quelquefois de la boue jusqu’aux reins, avec les parois toutes droites du puits qui, en haut, semblait se rétrécir pour se fermer sur sa tête, il apercevait du ciel seulement une petite tache grise où par moment un visage se penchait et lui parlait ; et sorti des ténèbres, ses douze heures finies, il ne savait pas tout de suite se refaire les yeux à la lumière de la rue.

Puis l’habitude atténua ces terreurs de jeune épouse ; les mains actives, devenue bonne ménagère, elle le suivait en pensée à la ville, tranquille, plaignant surtout son célibat. Six heures sonnant à l’horloge la diane des manouvriers et des tâcherons :