Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/180

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par le dessous des stores, des visages s’apercevaient, narquois, plaquant des blancheurs confuses. Puis des boutiques se succédèrent, les volets entre-clos par crainte du soleil qui aurait pu endommager la marchandise ; et sur les seuils, des hommes retiraient leurs pipes, graves, nu-tête, des aïeules se signaient, les mains tremblantes, quelques enfants s’arrêtaient de téter des bâtons de sucre d’orge. Brusquement le curé enfla son bourdon ; les syllabes grondaient avec colère sur ses lèvres tandis qu’il soufflait puissamment dans ses bajoues, comme un chat furieux ; et le troupeau remarqua qu’il avait tourné la tête vers deux cabarets, rendez-vous habituel de la fraction indépendante du village. L’un avait pour enseigne une bête peinte en vermillon et s’appelait le Cheval rouge ; l’autre, reconnaissable à un disque brillant, se nommait le Soleil d’or ; mais le Cheval rouge seul possédait un billard dont, par les fenêtres ouvertes, on entendait s’entrechoquer les billes. Il vint une quinzaine de consommateurs sur les portes ; les plus