Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/181

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agressifs affectèrent de rire très haut, par mépris de ces mômeries publiques ; deux conseillers sortis au dernier scrutin se contentèrent de hausser les épaules, sans rien dire ; et tout à coup, le fils du receveur, un étudiant en médecine, très luron, se mit à rudir à pleins poumons, comme un âne véritable.

Plus loin, le café catholique, tout vide, arborait un drapeau ; une vieille dévote, impotente, près de là s’était fait rouler dans son fauteuil jusque sur le trottoir ; et la maison du bourgmestre ensuite fut aperçue, silencieuse, sans une âme aux fenêtres. Mais comme on approchait d’un sentier qui filait à travers champs, accourcissant le trajet, Mathurin Ladrière, le meunier, et sa jeune femme descendirent leur perron à double rampe, suivis de Célestin Michotte, un cousin par la mère de Bellotte, la meunière. Visiblement ils s’étaient attardés à table, tous les trois très rouges, les hommes surtout allumés d’un coup de vin ; et Mathurin, un barbon, gros, chenu, croche, avait pres-