Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/184

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était venu, avec la goutte et les rhumatismes ; un boulanger d’une commune voisine, mal en ses affaires, lui avait cédé sa fille moyennant l’abandon d’une créance ; et le mariage conclu, il eut quelquefois le regret d’avoir amené dans son lit cette jeune femme ardente et brune de peau. Il y avait trois ans que la noce avait eu lieu, une frairie dont on parlait encore dans le pays, avec des amoncellements de victuailles, une tonne de vin soutirée à mesure dans des brocs, cinquante bouteilles de champagne et des voitures à deux chevaux, venues du chef-lieu du canton et menées grand’erre par des cochers en livrée. Poret, le fermier douillard et goguelu, avait bu à la santé des nouveaux conjoints en exprimant le vœu qu’on se retrouverait tous à un an de là au baptême. Mais celui-ci sembla remis indéfiniment. La semence du penard, qui avait si follement germé dans la terre illégitime, ne fructifiait plus, maintenant que le giron sacré de l’épouse la réclamait. Alors Isabelle s’alanguit en des mélan-