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Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/185

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colies ; elle avait pèleriné aux quatre coins de la contrée pour obtenir du ciel une gésine ; et l’ennui de son ventre vide parfois la tourmentait d’idées malhonnêtes.

Au rôt, Mathurin, monté par le bourgogne, risqua cette plaisanterie : il était bien heureux, lui, Célestin, de n’avoir pas de femme ; la sienne se rongeait sans trêve de la pensée d’un enfant. Et il ajouta :

— Voyons, à son âge, ça se comprend-il ? Avec ça que c’est amusant d’avoir un gnangnan toujours gueulant, tétant, pissant sur les bras. Est-elle pas suffisamment heureuse comme ça ? Je lui donne ce qu’elle veut, des robes, des bijoux, tout. Plus tard, elle aura un joli magot. Faut tout de même être raisonnable, pas vrai, cousin ?

Michotte, embarrassé, balançait la tête sans répondre ; mais Bellotte qui avait écouté, un peu vergogneuse, le sourcil froncé, en roulant du bout de l’index une boulette de pain sur la nappe, dit tranquillement :

— Tant qu’à moi, je suis ben sûre que le cousin comprend ça.