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Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/29

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d’eux ; et ils ont fini par s’étioler comme le tronc qui les portait ; et ce tronc lui-même, à la longue, a raréfié l’ombre et le feuillage par-dessus le sol ; mais des rejetons vigoureux ont monté de ses racines, et à leur tour ils deviendront des arbres qui porteront des fruits. Pareillement, la source des mâles a tari dans la mère, fatiguée par ses couches ; ses entrailles ont cessé de germer pour des garçons ; et voici que des filles aux chevelures pâles, pendues à sa gorge dévastée, boivent à présent le reste de son lait ; mais une lignée d’hommes solides est issue d’elle ; et ces hommes à leur tour propageront par les pays la race des créatures vouées à la peine et aux durs travaux.

La Mort, une fois seulement, a taillé dans ce jardin de vie ; elle a passé parmi ces pousses de jeunes hommes ; et comme la main du jardinier élague les frondaisons trop touffues, elle a coupé au pied la plante déjà haute qu’ils appelaient Flip ; et celui-là était le troisième des fils de Tys et de Ka. Et la Mort n’a frappé que cette seule