Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/30

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fois ; les aînés ont grandi en santé ; leur ombre marche par le chemin avec des jambes qui ne s’arrêtent plus ; et leurs parents ont senti leur propre ombre diminuer à côté.

Nant, leur premier né, est allé chercher femme dans un hameau voisin ; il y a choisi une fille à son goût ; et il s’est établi dans la maison de la fille, vaillant à l’égal de son père Tys Poppel, mais différent de métier ; et Nant travaille le bois habilement, ayant choisi l’outil des menuisiers. Dor est charron ; il a quitté le toit de son père et de sa mère ; mais tous les ans, au temps de la moisson, les gens du village le voient se hâter par les routes, portant à la main ses hardes de soldat ; et pendant un mois, il aide Ka à bêcher son champ ; et de nouveau, ensuite, il repart pour la sombre caserne où sanglotent les tambours. Chacun, jusqu’à la douzième progéniture, fait œuvre de ses mains : et trois ont suivi le père à la ville, fouillant avec lui la terre ténébreuse ; le quatrième et le cinquième se sont loués