Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/55

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terre, jeûnait jusqu’au lendemain, l’estomac atrophié, sans plus de besoins. Autour de lui, c’était un silence continu ; le Forgeu jamais ne l’interpellait, ressentait un mépris froid, d’instinct, pour cette force abdiquée, comme pour une charogne ; mais quelquefois la Lise, bourrue, lui disait une brève parole, à laquelle il répondait par un grognement, tous deux à la longue ayant oublié la communauté du sang. Et pareil à un tronc retenu en terre par les racines, mais de qui l’écorce ne rajeunit plus dans les feuillées, il traînait son bout de vie, paquet d’ossements ayant déjà de l’herbe de cimetière aux narines.

À la mi-janvier, tout un pan du champ ayant été retourné, ils y versèrent, outre une couple de tombereaux de fumure et de composts payés comptant, les déjections de deux cochons qu’ils empâtaient. La terre mangea cette graisse d’une goulée. Eux-mêmes s’épuisèrent alors en défécations, toujours dans les latrines, raclant ensuite les parois de la fosse. Malheureusement, leur nourri-