Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/56

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ture, avare, donnait peu de résidu ; la grande Lise avait des foires molles comme des pissats, et Caco, tous les cinq jours, lâchait de petits cailloux semblables à de la crotte de bique. Ils maraudèrent derrière les haies, ramassèrent des fientes quelconques, avec les mains grattèrent les poudrettes du pavé. Et constamment ils pétrissaient la glèbe comme une pâte, gardant chez eux dans les habits une odeur nauséabonde de tinette ; mais tout de nouveau alla s’engloutir dans le sol anémique, sans profit. Comme février finissait, ils façonnèrent les billons, laissèrent filtrer les pluies et les neiges revenues, continuant sur les routes la chasse au stercoraire.

Puis, aux alentours, les arbres se remplirent de pépiements ; une chaleur détendit les airs ; il poussa des feuilles aux épines de la haie ; et le Forgeu, levé dès avant l’aube, repiqua ses choux, planta ses pois, ses favelottes, ses haricots enfin. Lise et lui, sans parler, eurent alors une grande joie en dedans, qu’ils ne montraient pas :