Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/69

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fin de l’hiver antérieur. Puisque le champ les avait déçus, tout était à recommencer ; et sans passer un jour, les dimanches compris, sauf les heures de la messe, ils remuaient la terre, sous les ondées, les grêles et les neiges, infatigables. D’un bout à l’autre, l’aire fut travaillée à une grande profondeur. À chaque coup de la houe, la houle des cailloux émergeait, petits et gros, comme si autrefois une rivière eût passé là ; et les fibres des plantes gourmandes ressemblaient à des chevelures de femmes enterrées par tombereaux. Puis la fumaison derechef les couvrit de souillures des pieds à la tête : ils avaient acquis une vache en partie avec le produit des deux porcs gras ; et deux nourrins étaient entrés dans la soute, qu’ils entonnaient du lait de la vache. À trois, les bêtes emplissaient le puisard, riches en excréments ; mais pour rassasier le sol, un gouffre, ils continuaient à glaner les fientes le long des chemins. Quant à eux, mal nourris, la colique de misère au ventre, ils déflaquaient mollement ; et ils étaient en