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Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/74

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ils remboursèrent le Gosau, intérêt et capital : par-dessus la haie, des faces havies se tendaient qui regardaient avec curiosité la levée magnifique des verdures ; et ils finirent par regretter leur ancienne haine contre la terre, au temps où elle les décevait. Au soleil, le clos, gorgé d’engrais puissants, bouillait, si pestilent qu’on en sentait le fleur au loin. Ils avaient repris une génisse ; deux porcs avaient remplacé les autres ; et savamment ils répartissaient les bouses froides et les déjections chaudes, selon les endroits. Chaque automne, en outre, ils achetaient les vidanges des maisons, ne jugeant jamais suffisante la dépense de la graisse ; et eux-mêmes, avec des aises, la chemise levée dans le clair du jour, se lâchaient à même les cultures. Leurs sabots s’enfonçaient là dedans en une gélatine visqueuse qui, à la pluie, se diluait comme une sauce ; ils la pétrissaient à la bêche et à la main, toujours accroupis dans cette putréfaction ; et l’odeur montée de dessous eux chatouillait leurs narines comme un fumet délicieux. Mainte-