Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à l’artiste d’aborder les sujets du temps qu’à la condition de les dissimuler sous le voile de l’interprétation classique. Rappelons-nous ce que disait Quatremère des expositions ressemblant à un vaste camp. Ce qu’il écrit ailleurs n’est guère moins significatif de l’opinion des tenants du classicisme à l’égard de cette peinture, et de la mauvaise grâce de leurs concessions.

« Si M. Gros eût commencé ses études dans les temps de calme qui précédèrent la Révolution, sans aucun doute la nature élevée de son esprit, ses dispositions, les leçons et les exemples de son maître (David) auraient dirigé particulièrement toutes ses facultés vers ces hautes régions de l’imitation qu’on appelle peut-être trop exclusivement historique. On veut parler de celle qui, dans les sujets de politique, mais aussi de poésie profane ou religieuse, ne se révèle qu’à l’œil intérieur du génie, par le secret des conceptions et des formes idéales.

« Mais, ainsi qu’on l’a fait voir, le goût de M. Gros, dès les premiers pas de son séjour en Italie, se trouva porté vers un genre de sujets militaires, dont la pratique, dans un de ses principaux points (comme par exemple le dessin), n’exige de l’artiste ni la science profonde des proportions poétiques et des variétés idéales du corps humain, ni l’expression des innombrables facultés de l’âme. Disons toutefois que, par compensation, la nature du genre des batailles demande un artiste qui, à l’étendue dans les moyens, à la fécondité d’idées, réunisse la hardiesse de l’exécution, la variété dans les effets et l’énergie dans