Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/33

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même avait été entraîné inconsciemment, par sa passion républicaine, à peindre, après Brutus et les Horaces, le Serment du Jeu de Paume, le Marat, le Bara. Le ministre Benezech en 1796 disait aux artistes : « La liberté vous invite à retracer ses triomphes : transmettez à la postérité les actions qui doivent honorer votre pays. Quel artiste français ne sent pas le besoin de célébrer la grandeur et l’énergie que la nation a déployées, la puissance avec laquelle elle a commandé aux événements et créé ses destinées ? Les sujets que vous preniez dans l’histoire des peuples anciens se sont multipliés autour de vous. Ayez un orgueil, un caractère national, peignez notre héroïsme, et que les générations qui vous succéderont ne puissent vous reprocher de n’avoir pas paru français dans l’époque la plus remarquable de notre histoire. »

Ces déclarations s’accordaient avec un sentiment exalté des hommages dus aux héros illustres ou obscurs que la Révolution avait suscités.

C’est ainsi qu’en l’an VIII, un arrêté des consuls décida que dans chaque chef-lieu de département, sur la plus grande place, une colonne serait élevée « à la mémoire des braves du département morts pour la défense de la patrie et de la liberté ».

Napoléon devait reprendre quelques-unes de ces idées pour les appliquer au profit de sa gloire personnelle. On sait que, lorsqu’il établit en 1804 le concours pour les prix décennaux à distribuer en 1810, il divisa les sujets de