Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/34

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peinture en « sujets d’histoire », c’est-à-dire classiques, et « sujets honorables pour le caractère national », c’est-à-dire tirés des événements contemporains. Cette conception apparaît dès l’origine de son pouvoir, car un arrêté pris au début de l'an IX mit au concours la représentation du combat de Nazareth, où Junot, le 8 avril 1799, avait, avec 500 hommes, résisté victorieusement à plus de 6 000 Turcs.

Gros concourut et commença par rechercher sur le combat les renseignements les plus précis ; il consulta Junot lui-même, Denon, qui avait accompagné Bonaparte en Égypte. On conserve aux archives du Musée de Nantes, où est placée l’esquisse, des documents qui viennent de Gros : un extrait de la Correspondance d’Égypte, le plan du champ de bataille certifié conforme par Junot, un plan géométral et un plan perspectif de l’engagement. Cette préoccupation de l’exactitude, ce souci de se conformer, dans la représentation artistique d’une action militaire, aux réalités de la tactique et de la stratégie, c’est un fait en partie nouveau, si l’on ne tient pas compte de certaines œuvres du XVIIIe siècle, qui sont plutôt des procès-verbaux figurés que des tableaux, et si l’on ne remonte pas jusqu’au XVIIe siècle et à Van der Meulen. On le retrouve dans les tableaux où le général Lejeune a peint un grand nombre de combats des campagnes de la Révolution et de l’Empire, dans certaines toiles de Carle Vernet et dans toute la série d’œuvres médiocres, produites par des artistes aussi nombreux qu’ignorés