Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sèment que cette page est vivante. Seul, le critique des Débats blâma la manifestation des artistes et fit des efforts pénibles pour trouver dans l’histoire des exemples de méprises sur la valeur des œuvres les plus admirées d’abord. Il fut solennel et aigre, et ne donna d’ailleurs que des raisons assez pauvres de son mécontentement.

En 1806, Gros exposa la Bataille d’Aboukir[1], dont le succès fut grand, sans égaler le retentissement des Pestiférés.

« Le tableau, disait un critique, est une belle page de l’histoire ou plutôt un chant de poème épique. » — « Ce tableau nous renvoie tous à l’école, sous le rapport du coloris, écrivait un artiste… C’est la couleur de la nature. » — « Le coloris rappelle Rubens, le dessin Jules Romain. » Mais, d’autre part, on reprochait à Gros un peu de confusion, et on le renvoyait à son tour à l’école de Le Brun, dans la bataille d’Arbelles. On l’engageait à s’attacher à « la science de la distribution des ombres et de la lumière, qui met en harmonie tous les objets ». Ou bien on lui reprochait « le manque absolu de perspective dans le groupe du Pacha », un « coloris çà et là trop rosé ». Ce n’était pas hostilité de critiques malveillants, car on reconnaissait dans l’œuvre « des beautés de premier ordre ». Girodet, qui avait été très attaqué à propos du Déluge exposé au même Salon, entreprit de se défendre et de défendre son ami Gros ; il publia la Critique des Critiques du Salon

  1. Titre exact : Charge de cavalerie exécutée par le général Murat à la bataille d’Aboukir, en Égypte (Musée de Versailles).