Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/65

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comtesse Legrand, et un critique rendait compte du second dans ces termes fort intéressants, parce qu’ils montrent en Gros l’artiste toujours préoccupé de la technique : « Ayant à placer dans un paysage une dame blonde et d’une carnation très blanche, M. Gros l’a vêtue d’une robe d’un bleu clair et a éteint considérablement les tons du paysage. Ainsi l’effet total est produit par la vérité des teintes et non pas par les oppositions, dans ce tableau où l’on ne voit presque pas d’ombres. »

En 1815 et 1816, il fit deux portraits de Louis XVIII, l’un en buste, l’autre en pied ; en 1816, celui de la comtesse d’Angoulême et d’Alcide La Rivallière, un des élèves de son atelier[1]. En 1817, il aborda les grandes compositions auxquelles il semblait avoir renoncé depuis la chute de l’Empire ; le motif qu’il traita — sur commande, du reste — le maintenait dans le réalisme, car il exposait au Salon de cette année 1817 Louis XVIII quittant les Tuileries dans la nuit du 20 mars[2], à la veille du retour de l’Empereur. Sujet ingrat et anti-héroïque, qui lui donna l’occasion de montrer quelles ressources un artiste qui a le sens des réalités et celui de la lumière ou de la couleur peut trouver dans la représentation des scènes les plus familières. Un critique tout au moins sut rendre justice à cette œuvre d’apparence peu séduisante. Il démêla très bien « l’étonnante naïveté qui distingue les deux officiers porte-flambeaux » ; il dé-

  1. Musée du Louvre
  2. Musée de Versailles.