Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/74

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mais il renonce aux grandes compositions ou ne songera qu’à des conceptions factices et arriérées, où il ne mettra plus que des procédés et des formules. En même temps que s’affaisse son génie, l’opinion publique s’éloigne de lui. De toutes parts, le Davidisme est attaqué. Tout d’abord par les romantiques : nouvelle manière plus libre, d’aucuns disaient plus lâchée, de dessiner et de peindre ; réaction contre la tradition des maîtres, contre l’antique, voilà ce qui apparaît avec le Radeau de la Méduse, de Géricault, en 1819, le Dante et Virgile et les Massacres de Scio, de Delacroix, en 1822 et 1824, ou bien avec les œuvres populaires d’Horace Vernet.

Une bonne partie de ces nouveautés venait de Gros ; il ne sut pas le voir ou il ne le vit que pour s’en accuser. Pourtant il n’avait pas été tout d’abord hostile à Delacroix. Celui-ci a raconté qu’il contribua à faire remarquer le Dante et Virgile et, dans son Journal, il écrit à la date du 17 janvier 1824 : « D’après ce que m’a dit S. (Soulier), il paraît que Gros a parlé de moi d’une façon tout à fait avantageuse. » Mais Gros fut entraîné par son affection pour David à combattre les tendances nouvelles. En même temps qu’il s’attachait, avec une obstination touchante, mais souvent maladroite, à demander le rappel de son maître en France, il ne cessait de correspondre avec lui. L’un et l’autre, on peut dire, se rendaient de bonne foi les plus mauvais services : David en suppliant Gros de revenir à la « grande peinture », Gros en exagérant ses critiques contre la génération nouvelle, avec l’intention sans