Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

presque en pâmoison. Ce fut une scène très pathétique, tout à fait dans le goût de l’époque, fort portée à la sensiblerie et à la déclamation. Elle est racontée dans une lettre d’un élève de Gros écrite sous l’impression de cet épisode étrange. Encore à la mort de David, en 1825, Gros renouvela ses lamentations sur la fin de l’École.

De ce prétendu déclin il continuait à se croire responsable, et lorsqu’on l’avait sollicité, à la mort de Girodet, de prendre la direction de l’École classique, pour faire front aux menaces du romantisme, il s’était récusé en alléguant, non seulement son âge, mais aussi la part qui lui incombait, disait-il, dans le relâchement de la doctrine.

C’est pourquoi, tout en continuant à peindre des portraits, entre autres, celui du roi Charles X passant la revue des troupes à Reims[1], il s’acharnait à la peinture davidienne. En 1822, il avait encore exposé Bacchus et Ariane, et David introduit près de Saül, pour dissiper par l’harmonie de sa harpe les sombres idées dont ce roi était tourmenté. En peignant ce dernier sujet, il semble avoir eu cependant quelques préoccupations qu’on pourrait qualifier de « romantiques » : le décor de style oriental (ou du moins voulu tel), le grand effet de clair-obscur, la note générale rouge donnant à la scène une tonalité en harmonie avec le motif principal (la folie tragique de Saül). Mais tout cela était rendu avec des

  1. Musée de Versailles.