Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/82

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d’intervenir dans tous les concours. C’est sur ce terrain que s’ouvrit, à partir de 1829-1830, une lutte âpre et violente, dont l’issue a contribué à la mort de Gros autant peut-être que ses querelles de ménage et les articles de journaux, dont on a tant parlé.

Ingres, en effet, enseignait aussi à l’École, et il affichait, avec la hautaine intransigeance d’esprit qui lui était habituelle, des doctrines en réalité aussi contraires aux traditions artistiques de Gros que pouvaient l’être les hardiesses du romantisme. Gros l’emporta d’abord : « L’atelier de M. Gros, écrivait Férogio[1], un de ses élèves, est le plus fréquenté en ce moment et le plus favorisé de Messieurs de l’Institut, car au dernier concours de l’Académie, M. Gros a eu vingt-sept élèves nommés, tandis que MM. Hersent et Ingres n’ont pas eu la moitié de ce nombre. » Flandrin, élève d’Ingres, écrivait en contre-partie : « M. Ingres, M. Guérin, M. Granet et trois autres membres de l’Institut… veulent que je sois nommé. Non ; M. Gros et sa bande l’ont emporté ; j’ai été ballotté du premier numéro au dernier. Enfin M. Ingres désespéré s’est en allé, après avoir protesté. » (1830 et 1831).

En 1832 encore, Gros avait six élèves reçus en loge pour le Grand-Prix, contre trois à Ingres. Mais au jugement définitif, « la coterie Ingres » l’emportait. À partir de ce moment, tous les succès vont de ce côté. « Le parti Ingres s’étend tous les jours, écrit Férogio ; à lui tous les sculp-

  1. L.-G. Pélissier, Les Correspondants du peintre Fabre.