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teurs, tous les architectes ». « Décidément notre professeur, dit-il encore, perd son influence ; en revanche, M. Ingres devient tout-puissant ». « Le fanatisme de cette école est si exagéré, je dirai si compact… à eux seuls la peinture, l’art, l’avenir ; cela fait pitié. Leur coterie est formidable ». Gros souffrait très vivement de cet état de choses ; ses élèves observaient que son caractère s’était aigri ; il s’emportait souvent en les corrigeant ; il semblait ne plus être maître de lui. « J’ai vu hier M. Gros, écrivait Férogio, le 9 septembre 1833, encore tout malade du jugement du prix de paysage… Il paraît que cette séance a été orageuse. M. Gros est tenté d’envoyer tout au diable et de ne plus se mêler d’Institut. » « Je vois assez souvent M. Gros, qui devient de plus en plus féroce, quoique se donnant beaucoup de mal pour nous. »

À tous ces chagrins se joignaient des soucis de ménage dont il faut dire un mot. Gros s’était marié ou plutôt avait été marié par ses amis, en 1809, avec la fille d’un agent de change, Mlle Dufresne. Elle lui apportait de la fortune ; elle ne manquait pas de beauté, quoiqu’elle fût un peu lourde et sans grâce, à en juger tout au moins par le portrait qu’il fit d’elle en 1822[1]. Mais, outre qu’elle était plus jeune que Gros de près de vingt ans, ni ses goûts ni ses idées ne s’accordaient avec le caractère de son mari. C’était, à ce qu’il semble, une bourgeoise d’es-

  1. Musée de Toulouse.