Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/86

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prit étroit, dévot, et le ménage, sans enfants, avait été vite désuni. Gros, que rien ne retenait dans son intérieur, eut des torts : une liaison avec une demoiselle Simonier, dont naquit une fille, en 1827. Mme Gros, cependant, avait consenti à recevoir chez elle cette enfant, puis l’avait renvoyée. Les choses en étaient venues à ce point que les intimes conseillaient une séparation entre les époux. De fait, les démêlés du ménage étaient un peu la fable de tous ; les élèves n’en ignoraient rien. « On dit, écrit Férogio, le 23 juin 1831, que M. Gros est redevenu de mauvaise humeur depuis qu’il a repris sa femme (ce sont peut-être des cancans d’atelier). » Il paraît certain que l’artiste vivait à cette époque d’une vie assez singulière, retirée, que ses fréquentations n’étaient pas celles de son monde, qu’il était âpre et fantasque. Le libraire Furne écrira que « Gros excitait peu de sympathies comme homme privé. » C’est peut-être la vérité sous une forme dure[1].

La révolution de 1830 causa, par contre-coup, un préjudice sensible à Gros. Il avait trouvé chez les membres du gouvernement et les hauts fonctionnaires de Charles X des sympathies et un appui. Le roi l’avait fait baron, puis officier de la Légion d’honneur (sur la demande de l’artiste, il est vrai) ; il lui avait commandé son portrait, les plafonds du Louvre. Gros n’allait pas trouver la même

  1. Je dois ce renseignement et quelques autres sur les dernières années de Gros à M. Jules Guiffrey, qui a eu l’obligeance de me communiquer un certain nombre de documents inédits qu’il a recueillis.