Page:Lemonnier - Happe-chair, 1908.djvu/307

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rieur propre dont le bel ordre lui rappelait sa maison du Saut-du-Leu, au temps de la mère. Il arrivait un peu après six heures, mettait bas sa veste, jouait avec l’enfant jusqu’au moment où la garbure apparaissait fumante sur la table. Puis on avançait les chaises : Mélie était installée dans une cahière que Jacques lui avait achetée ; après le repas, Simonard et lui faisaient une partie de cartes, tandis que Philomène, en tablier de toile bleue, lavait la vaisselle soigneusement. Et petit à petit, dans le soir tombé, les paupières de l’enfant s’appesantissaient, elle se frottait les yeux de ses petites menottes molles.

— Huriaux, disait Simonard, v’la l’ grand’mère au sable qui passe.

Alors il l’asseyait dans ses bras ; tous deux s’en retournaient coucher aux Fanfares, dans le grand lit auquel Huriaux avait remis le matelas du grenier. Il avait pris le parti de fermer son débit, cherchait à céder le bail de la maison, et en attendant, ne venait plus passer là que la nuit. Trop de souvenirs s’attachaient à ce triste logis ; il y avait souffert le martyr, connu toutes les agonies ; et son rêve eût été de se louer quelque part, vers la campagne, une bicoque avec un bout de champ.