Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
l’hallali

rien savoir cl si c’est de l’argent que t’as prêté, ben, c’est de l’argent qu’y te doit, le baron.

Et comme Pourignau déployait son papier, il vit qu’il y avait quatre grandes pages d’écritures et d’un coup il demeura bouche bée, sans rien dire, les yeux toujours fixés sur les colonnes de chiffres qui s’alignaient à l’infini.

— Ben ! si c’est comme ça, et que tu veux point lire, disait le marchand, faudra bien que tu m’entendes. Moi j’sais mon compte par cœur. C’est d’abord tout en haut deux cents louis ronds que ton père me tira du coffre y a juste six ans. Par après, ici où j’mets le doigt, y a deux napoléons… puis encore des napoléons, tous des napoléons jusqu’au bout de la première page. Avec m’sieu le baron, je ne comptais pas ; quand il avait besoin d’une petite avance, y savait bien que Pourignau était là.

— Ah ! ben sûr que Pourignau était là, ça se voit ben. Et comme ça, y en a là pour combien, sur ton compte ?

J’vas vous dire, m’sieu Jean-Norbert, y a six ans que ça a commencé. Des fois y venait tous les mois et d’autres fois toutes les semaines.

— Combien ? Combien, que je te demande ?

— Ben, c’est plus près des deux mille que de mille.

— Hors d’ici ! Va-t’en ! on m’arracherait la