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l’hallali

peau que je te donnerais seulement pas ça. Qu’y te paie, lui, si ça lui fait plaisir ! c’est son affaire, mais moi, pas ça, que je te dis, bandit.

— Ah ben ! Ah ben ! j’en ai assez ! M’faut mon argent ! criait le boucher, ou on ira au juge. J’ferai tout vendre, tu m’entends, la maison, le bois, le verger, ton cheval qui ne vaut pas seulement le prix de ses fers. Ah ! oui, que je me paierai dessus.

Jean-Norbert, effondré, n’eut plus qu’une parole.

— Deux mille ! deux mille !

Pourignau soudain s’apaisa, et lui tapant sur l’épaule :

— Y a-t-y point des arrangements, voyons ? Et d’abord j’suis pas à court d’argent. Ah ! ben non ! Regarde-moi dans les yeux en ami. Supposons que tu me dirais : « Pourignau, j’vas te payer. » J’dirais, moi : « De l’argent ? j’en veux point de vot’ argent. » Hon ! c’est-y parler ? T’as là des arbres qui n’profitent plus : on irait voir ensemble au bois, et on ferait marché.

— Et moi, j’te dis, boucher, que tu n’auras ni les arbres ni l’argent. Va au juge, si c’est ton idée. Mais y a que c’est l’bon Dieu qui nous les a donnés, les arbres, et qu’y n’y a que lui pour nous les reprendre.