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l’hallali

Il y a bon Dieu et bon Dieu, comme il y a gens et gens…

Le curé, d’un ton bourru, sur-le-champ riposta :

— Sachez, monsieur, que les plus grands sur cette terre sont ceux qui ont les plus grands devoirs. Dieu a fait de vous l’héritier de la gloire des Quevauquant afin qu’à leur exemple, vous étendiez encore le renom glorieux de la famille. Ah ! baron, que répondriez-vous au Très-Haut si, le jour du Jugement, il vous demandait compte des biens qu’il vous a transmis ?

— Corbleu ! interrompit Monsieur avec impatience, je saurai que lui répondre, mais nous n’en sommes pas encore là !

— Corbleu tant qu’il vous plaira ! Mais ce jour viendra et peut-être plus prochainement que vous ne le croyez. La mort est toujours derrière nous qui nous guette ; quand nous faisons un pas, elle en fait un à son tour.

— Alors, curé, ricana le terrible homme, tu estimes qu’il faut se presser ? Eh bien ! à la grâce de Dieu, comme tu dis. J’ai passé mon costume des grands jours et j’ai chaussé mes bottes. Voici la dague et voici la trompe. Qui peut dire que je ne suis pas toujours le seigneur de ce donjon ?