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l’hallali


VIII


Une nuit, Michel se réveilla, entendant parler dans la chambre de ses parents : sa mère priait, et gémissait : parfois la voix toujours basse et sourde de son père, avait un éclat violent ; et ensuite aucun d’eux ne disait plus rien. À l’étage, tout au long de la galerie, allait et venait, régulier comme l’andain du faucheur, le grand pas lourd de l’aïeul.

Celui-là, depuis l’incendie, n’éprouvait plus le besoin de dormir : quand la maison et toute la campagne aux alentours, bêtes et gens, depuis longtemps ronflaient, il prolongeait sa veille, marchant droit devant lui avec son coup de talon qui, au même endroit, régulièrement faisait grincer les antiques solives. Réveillé par ce tâtonnement qui ne finissait pas, Jean-Norbert alors, dans le vide de son esprit, nombrait les pas qu’il faisait.

C’était toujours au bout du dixième à droite