Page:Lemonnier - Le Bon Amour, 1900.djvu/100

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et un jour se leva, qui n’avait point été précédé d’autres jours.

— Fréda, vous m’êtes apparue comme la jeune fille que vous étiez avant que…

Elle avança sa main vers mes lèvres, et ainsi le passé fut comme s’il n’avait jamais existé, car aussitôt, au contact de cette main qui sur ma bouche scellait l’oubli, tout s’effaça.

J’avais pris ses doigts, je les appuyai longuement à mon visage. J’aurais voulu mourir dans la douceur de cette minute, avec sa main sur mes yeux fermés. La vie fut expiée ; aucun de nous deux ne sut plus lequel avait eu des torts envers l’autre. Et ensuite, il ne fut plus jamais question entre nous deux du temps qui avait précédé celui-là.