Page:Lemonnier - Le Bon Amour, 1900.djvu/101

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— Ô Fréda, lui dis-je, vous m’êtes apparue la première femme et le premier matin.

Et ainsi il n’y eut plus en nous que des pensées riantes et légères.

Cependant je ne lui demandai aucun sacrifice nouveau. Nous étions comme deux âmes libres et qui se sont attendues et qui n’ont pas besoin de se prouver par des témoignages extérieurs le don qu’elles se sont fait d’elles-mêmes. Je ne lui parlai donc pas de l’avenir ; le temps pour des bonheurs comme le nôtre est contenu jusqu’en sa durée la plus profonde dans l’heure, si brève qu’elle soit, où l’on acquit la certitude de n’avoir rien à redouter de lui. Et à peine l’homme peut se faire une idée de l’éternité : pourtant, comme une mer sans rivage, elle est bue