Page:Lemonnier - Le Bon Amour, 1900.djvu/27

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peu tard… Il me semble que mon cœur s’est purifié avec le temps.

Je vis qu’elle s’efforçait de surmonter son trouble. Elle était très faible ; sa poitrine s’agitait ; elle appuya son mouchoir à ses lèvres.

— Avec le temps… avec le temps…

Et elle ne dit pas autre chose. Mais ce seul mot nous rapprocha dans une longue commémoration imprécise, comme deux êtres qui se savent l’un près de l’autre au fond d’une vapeur crépusculaire et ne s’aperçoivent pas. Des moments s’écoulèrent. Nous ne nous étions jamais mieux compris. Autrefois nos voix n’avaient pas la douceur de ce silence.

Quelqu’un, une des dames, vint à l’entrée des jardins et appela :

— Madame Darbois…